FAQ

La médiation est un mode coopératif de prévention des conflits et de leur règlement amiable par les parties elles-mêmes grâce au dialogue (r)établi par une personne qualifiée et de confiance : le médiateur. Il existe différents types de médiations (sociale, culturelle, institutionnelle, d’entreprise, on entend même parler de médiation digitale ou numérique, voire de médiation animale…).

Contrairement aux autres démarches ou dispositifs de traitement des conflits qui partent des aspects juridiques et techniques, cherchant à statuer, à conseiller, à trancher… la médiation professionnelle va d’abord travailler sur les émotions des personnes en difficulté pour leur faire lâcher prise. Le médiateur professionnel, en s’appuyant sur un processus structuré va légitimer le point de vue de chaque personne en difficulté en lui donnant le droit d’être insatisfait. Il va enlever l’émotion qui empêche de raisonner. Car ce sont les émotions qui guident la raison. Vous savez en général, les gens ne font pas des choses contraires à leurs intérêts. Ils sont plutôt animés de bonnes intentions. Mais ils sont parfois maladroits ou ignorants… Donc le médiateur professionnel va travailler avec chacune des parties sur ses convictions, ses certitudes, ses croyances et ses représentations pour changer le regard qu’ils portent sur l’autre et faire évoluer leur relation. Le médiateur professionnel va écouter et restituer du sens dans leurs propos et les aider à structurer leurs messages en 3 temps autour des faits, des conséquences et de leurs ressentis. La médiation est un outil permettant d’aider chacun à s’affirmer et à mieux se comprendre.

Il y a trois types de situations d’intervention, conventionnelle (extra judiciaire) ou judiciarisée (en-cours de procès ou sur ordonnance du juge) :

1. Quand il y a un différend – Cela concerne les problématiques suivantes : un litige commercial ou partenarial (malfaçon, problème de livraison, délais de paiement…), un conflit entre services, un conflit salarié-employeur, un harcèlement moral, un conflit social (grève), un plan de sauvegarde de l’emploi, une séparation, un divorce, un conflit parents-enfants, une succession, une indivision, un conflit de voisinage, de copropriété, un conflit entre locataire et propriétaire, une médiation scolaire. En fait, tous les domaines et tous les secteurs d’activités qui impliquent des aspects relationnels, quels qu’en soient les acteurs sont concernés.


2. Quand on souhaite conduire un projet – La médiation professionnelle, c’est aussi un outil pour la prise de décision dans un climat serein. Elle permet aussi de prévenir des tensions qui pourraient survenir. Par exemple, en amont d’une assemblée générale de copropriété, pour accompagner la mise en place d’une succession, pour aider une équipe de salariés à faire face à un changement prochain ou un associé qui veut céder ses parts.


3. Quand on veut faire de la régulation des difficultés relationnelles – La présence ponctuellement d’un médiateur professionnel peut-être instaurée dans l’entreprise pour veiller à la qualité des échanges dans l’organisation. Un dispositif interne permanent peut aussi être mis en place en formant un ou deux médiateurs internes agissant comme un fusible ou un extincteur.

Ça commence toujours par une prise de contact avec le médiateur professionnel et une ouverture de dossier, ensuite trois étapes :

1. La mise en place – Le plus souvent, c’est l’une des parties (ou un prescripteur : CE, DP, CHSCT, cabinet d’avocats, étude notariale, cabinet d’expertise comptable, médecine du travail…) qui prend l’initiative de recourir à la médiation.
   
   Il faut donc au minimum informer, parfois convaincre l’autre partie de venir en médiation.


2. La préparation des parties au dialogue – Chaque partie est reçue en entretien individuel, avec pour objectif de définir les principes de qualité relationnelle garantissant la mise en oeuvre d’un dialogue serein et pacifié.


3. Les réunions de résolution – Chaque partie évoque ce qui conduit à l’impasse, exprime ses attentes, propose des solutions et trouve des réponses partagées et satisfaisantes pour chacun, faisant l’objet d’un accord.

La durée est variable selon la situation et la complexité des dossiers. Le médiateur professionnel peut décider de rencontrer tout expert jugé utile au dénouement du conflit. Toutefois je peux préciser que les entretiens individuels durent une heure à une heure et demie, les réunions de résolution une heure et demie à deux heures. Avec un nombre de réunion pouvant aller de une à cinq réunions, le plus souvent trois, la durée totale peut varier entre cinq et treize heures. Tout cela peut se passer en une seule journée comme être étalée sur plusieurs semaines.

Face à un conflit, il existe deux manières de se comporter : soit on développe l’adversité, soit on développe l’altérité.

La médiation professionnelle promeut la recherche d’une compréhension des motivations, c’est l’outillage de l’altérité. Dans cette perspective, la médiation professionnelle offre trois types d’issues à tous les différends :

1. Soit elle permet de restaurer la relation telle qu’elle était avant le différend


2. Soit elle oriente vers un aménagement de la relation


3. Soit elle conduit à une rupture consensuelle

Si elle renvoie les parties vers l’adversité, c’est que le médiateur n’a pas su entretenir leur implication dans la recherche de solutions. Chaque médiateur adhérent à la Chambre Professionnelle de la Médiation et de la Négociation s’engage à respecter un Code d’Ethique et de Déontologie. Ce dernier prévoit qu’en cas de difficultés, le médiateur s’oriente vers un confrère pour lui transmettre le dossier si lui-même ne parvient à le faire aboutir. A ma connaissance cela ne s’est pas encore produit, mais la situation a bien été envisagée.

Il existe un tableau officiel des médiateurs professionnels avec leurs coordonnées, consultable sur le site de la Chambre professionnelle www.cpmn.info ainsi que sur le site www.allomediateur.com. Les médiateurs répondent rapidement aux sollicitations. Mais une fois encore, le conseil que je pourrai donner, c’est de ne pas attendre que le conflit éclate ou s’enlise pour leur faire appel. Le règlement du litige sera d’autant plus rapide et efficace que le climat ne sera pas trop dégradé. Pour plus d’efficacité encore, les médiateurs proposent, lorsqu’ils vont à la rencontre des

organisations, de signer une convention leur donnant rapidement accès aux services d’un médiateur professionnel et leur permettant de communiquer sur leur volonté de développer la qualité relationnelle au sein et en dehors de leur organisation. Cette convention est publiée sur le réseau associatif Viamediation sur lequel des entreprises, des associations, des collectivités mais aussi des tribunaux s’engagent à recourir à la médiation (www.viamediation.fr).

Les médiateurs professionnels suggèrent aussi à leurs interlocuteurs de rajouter une clause de médiation dans tous leurs contrats, faisant valoir d’abord et librement, le droit à la médiation.

Les médiateurs professionnels interviennent en tant que professions libérales, les honoraires sont donc libres, ils peuvent être horaires comme forfaitaires. Chaque médiateur est libre de les fixer. Il y a par ailleurs une grande différence entre les interventions pour les particuliers et celles pour les entreprises. Ce que je peux vous dire c’est que c’est un coût pour les individus comme la collectivité substantiellement inférieur aux nombreuses procédures judiciaires déclenchées. Pour tout de même vous donner quelques chiffres, il faut compter entre 95 et 250€TTC l’heure pour les particuliers, entre 350 et 800€HT la séance (entretien individuel, réunion) ou entre 1500 et 2000€HT la journée…selon la complexité des dossiers, des enjeux et les bassins ou territoires économiques.

Les médiateurs sont titulaires du CAP’M, le Certificat d’Aptitude à la Profession de Médiateur (*) délivré par l’Ecole Professionnelle de Médiation et de Négociation à Bordeaux (www.epmn.fr). Leur apprentissage est centré sur l’expertise de la régulation des relations et de la communication, la capacité de démontage d’un conflit et l’animation d’un processus de créativité, car l’entêtement des parties vient souvent des limites de leur imagination. Ils conduisent des entretiens et animent des réunions dans des situations de pression et de stress. Ils ont les compétences pour instaurer un climat de confiance et de communication selon des règles bien établies. Ils doivent faciliter l’expression sereine des points de vue, faire émerger des solutions, rendre les accords durables. Les médiateurs professionnels ne sont pas des juristes, mais ils connaissent parfaitement le contexte légal de l’exercice de leur profession (droits et obligations). Ils ont souscrit une assurance Responsabilité Civile Professionnelle et s’appuient sur un Code de la médiation (**), ouvrage de référence en matière de législation et de réglementation relatives à la résolution des conflits. Ce ne sont ni des psychologues, ni de bons samaritains. Ils sont rationnels et un brin philosophes. Ils doivent faire prendre conscience aux parties que « l’autre n’est pas un autre soi-même »…

D’autres courants de formation et de promotion de la médiation existent et je pourrais les citer (Association Nationale des Médiateurs, Association des Médiateurs Européens, Fédération Nationale des Centres de Médiation et j’en oublie peut-être…). Il y a de la place pour tout le monde. Je tiens à préciser notre différence simplement par le fait que :

• Les médiateurs professionnels adhèrent tous à la Chambre Professionnelle de Médiation et de Négociation, seul syndicat professionnel indépendant


• Ils s’engagent à respecter le CODEOME (Code d’Ethique et de Déontologie des médiateurs)


• Ils mettent en place un entretien individuel systématique


• Ils ne pratiquent pas de négociation raisonnée (pas d’implication dans la relation mais une attention portée sur l’autre uniquement : altéro centrage »


• Ils ne formulent pas d’avis ni de conseil


• Ils ne recherchent pas forcément l’équité dans l’accord trouvé par les parties, remettant en cause l’engagement de neutralité


• Je rappellerai aussi qu’ils travaillent d’abord sur les émotions éprouvées par les parties


• Enfin, ils militent pour le droit à la médiation pour tous !

(*) l’EPMN est un organisme de formation certifié ISO 9001. Ses formations sont certifiées par le Conseil National des Barreaux et la Fédération Suisse des Avocats. Le CAP’M est l’aboutissement d’une formation de sept modules de deux jours sur huit à dix mois, finalisée par un rapport de fin de formation, qui valide les acquis.

(**) Code de la médiation écrit par maître Agnès Tavel et Jean-Louis Lascoux (www.codedelamediation.fr)

En résumé, la médiation professionnelle : – Donne le droit librement d’être insatisfait – Enlève l’émotion qui empêche de raisonner – Transforme les points de vue entre les personnes et donc leur relation Je vous livre trois citations à méditer : – « Le droit ne fait pas la paix, il fait la guerre »-Charles Péguy – « L’entêtement vient des limites de son imagination »-Jean Louis Lascoux – « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé »-Voltaire